cyclorama
“Depuis ma graduation de l'École Nationale de théâtre, j'ai travaillé en français, en anglais, pis j'ai réalisé que les deux communautés connaissaient presque rien l'une de l'autre. So tonight, I'd like to put an end to that.”
- laurence dauphinais, dans cyclorama
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Laurence Dauphinais est une créatrice québécoise francophone. Travaillant régulièrement avec des artistes anglophones, elle se questionne : pourquoi les deux communautés artistiques semblent-elles tout ignorer l’une de l’autre ? Avec l’aide de collaborateurs et collaboratrices des deux côtés de la barrière linguistique et suivant un protocole de recherche minutieux, elle plonge dans l’histoire du théâtre montréalais pour faire la lumière sur les récits qui nous ont tissé·e·s.
L’autrice et metteuse en scène s’inspire de la forme des cycloramas pour livrer une comédie documentaire en trois lieux sur la dualité culturelle montréalaise. Cyclorama, qui débute au Théâtre Centaur et se termine au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, propose un voyage inédit à travers la ville, le temps et l’espace qui transporte littéralement le public le long du boulevard Saint-Laurent.
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Cyclorama : Panorama circulaire représentant une fresque historique dont tous les angles peuvent être observés simultanément.
Les récits collectifs sont une des dimensions centrales de la vie des communautés, et participent pour beaucoup à leur cohésion sociale. Mais dans les sociétés pluralistes comme le Québec, ils sont mis à mal, et cette fragmentation cause souvent des troubles identitaires de toutes sortes. Les dernières politiques linguistiques provinciales empêchant l’agrandissement des cégeps anglophones et obligeant les immigrant·e·s à apprendre la langue de la majorité en un temps record témoignent certainement de cet inconfort.
Personnellement, je crois que c’est la responsabilité des cultures dominantes de s’interroger sur les histoires qui les ont tissées et d’avoir le courage de revisiter leurs angles morts lorsque nécessaire.
Je suis une Québécoise francophone qui a baigné depuis l’enfance dans un assemblage bien précis de récits entourant la langue, l’identité, l’oppression, le territoire et la survivance. J’ai grandi à une époque de l’histoire du Québec où parler anglais, pour des francophones, pouvait être facilement perçu comme un acte d’aliénation.
Il n’y avait que le français qui résonnait à la maison. Les livres, la radio, la télé. Le quotidien, tout en français. Sauf peut-être lors du voyage annuel à Old Orchard. Je me souviens clairement de ces précieuses arrivées aux douanes américaines où je me faisais un devoir de me réveiller dans l’unique but de rire de l’anglais de mes parents, langue que personne dans la famille ne maitrisait. Au son des grands classiques du Doo-Wop et de Surfin’ USA, enre-gistrés sur l’unique mixed tape des vacances et que je m’amusais à chanter en phonétique, les montagnes du Vermont m’apparaissaient plus vertes. Mais l’approximation a ses limites, et un jour, j’ai voulu apprendre la langue de l’ennemi.
L’apprendre pour des affaires de coeur, d’abord, puis pour pouvoir me projeter ailleurs. Je l’ai apprivoisée en la croisant dans des french kisses. Je l’ai absorbée en jouant les mots des autres au théâtre. Parler avec d’autres phonèmes que ceux que j’employais par défaut m’a parachuté au coeur d’un territoire qui ne m’était pas familier, et c’était galvanisant.
Depuis, comme beaucoup de gens de ma génération, je travaille couramment en anglais et en français, et mon univers s’entrouve profondément enrichi. L’adoption de la loi 96 prouve qu’il y a une fracture importante entre les politiques punitives imposées par le gouvernement, vraisemblablement nourries par la peur de perdre, et le désir d’inclusion porté par ma génération et celles qui suivent.
Avec Cyclorama, j’ai eu envie de creuser le malaise en espérant qu’il se dissolve. De me servir de l’univers théâtral montréalais, profondément divisé linguistiquement et culturellement, pour étudier les conséquences concrètes de l’Histoire sur la pratique d’un seul et même art. De faire se rencontrer des publics qui ignorent tout l’un de l’autre. De laver notre linge sale en famille élargie. J’ai surtout eu envie de donner à entendre tous les points de vue simultanément, pour comprendre dans quels récits ils prennent racine et pourquoi ils persistent. J’ai voulu nous donner l’occasion de réécrire l’Histoire et ses histoires au temps présent, celui de la représentation théâtrale.
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Texte + mise en scène + interprétation Laurence Dauphinais
Interprétation Antoine Yared
Interprétation + conseil historique Alexandre Cadieux, Erin Hurley
Assistance à la mise en scène + régie Charlie Cohen
Scénographie Robin Brazill
Costumes Cynthia St-Gelais
Éclairages Chantal Labonté
Musique originale Navet Confit
Conception vidéo Allison Moore
Accessoires + assistance à la scénographie Marie-Eve Fortier
Maquillages + coiffures Justine Denoncourt-Bélanger
Conseil dramaturgique Cristina Cugliandro + Mathieu Gosselin + Camille Trudel
Intégration vidéo Pierre Laniel Sonorisation Gabrielle Couillard
Surtitres Elaine Normandeau
Régie surtitres Mélodie Lupien
Recherche historique Alexis Paquette-Lacasse
Équipe technique Eric-William Quinn + Judith Rémillard + Ophélie Lacasse, Annie Préfontaine + Anaé Lajoie Racine + Coralie Cloutier + Philippe Bélanger + Sébastien Savoie + Frédéric Dessoly + Mariklôde Tardi + Antoine Babin -
2022
Centaur Theatre - Centre du théâtre d’aujourd’hui – du 11 octobre au 6 novembre 2022
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C’est très drôle. […] C’est à la fois didactique et divertissant.
- Natalie Petrowski, Pénéloppe, ICI Radio-Canada
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Ce sont des pièces exactement comme celle à laquelle nous assistons qui nous divertissent en nous informant, qui nous font sortir de notre zone de confort, et qui nous font retomber en amour avec le médium.
- Pierre-Alexandre Buisson, Bible Urbaine
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C’est un plaisir de se faire raconter des histoires et de “laver notre linge sale en famille élargie”.
- Maude Brougère, Nouveau Projet
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[Une force] du spectacle est de donner à entendre les représentations qui circulent dans chacune des communautés par rapport à l’autre.
- Natalie Petrowski, Pénéloppe, ICI Radio-Canada
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Avec Cyclorama, Laurence Dauphinais réussit une ambitieuse comédie documentaire.
- Nathalie de Han, La Scena musicale